C’était un dimanche. Les hommes étaient rassemblés dans un restaurant du village ( " wirtschaft ", en alsacien). Ils
discutaient entre eux. Certains jouaient aux cartes. Parmi eux , accoudé au comptoir, se trouvait Emile, un simple d’esprit, orphelin, placé comme ouvrier agricole chez un fermier du village. Il
sirotait son vin paisiblement savourant ce moment d’inactivité où il ne goûtait qu’à la joie de faire partie d’une communauté, d’y avoir une place, même maigre. Mais la joie paisible d’être au
calme ne dura pas longtemps. Les villageois le houspillaient souvent mais pas trop méchamment (Cela aussi faisait partie de sa vie en communauté) mais ce jour-là fut différent. Paul, l’alcool
aidant, eu le malheur de faire porter ses moqueries sur les conquêtes improbables d’Emile. D’habitude, l’idiot ne disait rien, il laissait dire. Mais là s’en était trop. Paul était allé trop
loin. Il se mit en colère et en bégayant répondit : " Du besh so dum das net verecke kansch ". Tu es tellement con que tu n’arriveras pas à crever. Le bon mot d’Emile fit sensation
au restaurant.
L’hilarité générale qui suivit consacrait son bon esprit.