L’homme est mince, de métal. Ses yeux son métalliques, son être est métallique. Tout est contrôlé en lui. Il est habillé élégamment de
noir et de gris avec un col roulé je crois.
Il prend le tram avec un jeune homme des cités. Le jeune homme n’a pas l’air de savoir ce qui lui arrive. Je ne sais pas s’il parle
bien français ou s’il parle avec un accent. Je n’entends pas. Je suis assise trop loin. Il n’a pas idée de ce qui, j’en ai peur, l’attend.
Je ne sais pas ce qu’on lui a promis, quel était l’appât. Il passe un coup de fil. Je les regarde. Je ne dis rien. Je ne fais rien. Je
ne préviens pas le jeune homme.
L’homme de métal a vu que j’ai vu. Il a vu que j’ai détourné le regard et fait comme si de rien n’était. Le jeune homme me regarde
aussi. Je ne fais rien. J’ai trop peur que ça recommence.
Il y a une interrogation dans le regard du jeune homme. Je détourne le regard. Je me protège. Les autres personnes du tram ne
réagissent pas. Ce sont deux hommes qui prennent le tram.
Je ne sais pas si ce que j’ai vu est ce que je crois. Si ce que j’ai vu est ce que je crois c’est immoral de n’avoir rien vu. Si
j’étais intervenue je ne sais pas ce qui se serait passé. Tout ça aurait recommencé. Je sais que si ce que j’ai vu est ce que je crois on en sort les pieds devant. Du moins c’est ce que quelqu’un
m’a dit un jour quand j’ai évoqué le sujet. Je vois que l’homme de métal emmène sa proie et qu’ils sortent du tram.
="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/2.0/fr/">
Ce/tte création est mis/e à disposition sous un contrat Creative Commons.