Voici Béatrice, la maman qui travaille jour et nuit pour son association et pour retrouver les siens.
Une grande dame elle aussi.
D’avril à juillet 1994, le génocide perpétré contre les Tutsis du Rwanda cause la mort de plus d’un million de personnes. Il y a eu, aussi, énormément de dégâts matériels, le tissu social est considérablement détruit.
Des malheurs innommables sont tombés sur les descendants de Kanyarwanda, l’ancêtre éponyme de notre peuple. Beaucoup d’enfants ont été séparés de leurs familles et, jusqu’à présent, on a perdu leurs traces.
Béatrice Mukamulindwa est une de ces mères qui n’ont aucune nouvelle de leurs enfants.
MUDACUMURA Alain Flavien : son fils aîné allait avoir 13 ans en novembre 1994. Il était en 6ème année primaire à l’école des parents de Rugunga (Kigali). Un garçon responsable qui prenait son rôle d’aîné au sérieux. Ses amis d’enfance racontent qu’à l’école, il se préoccupait de leur sécurité. Un fin négociateur, il savait amadouer pour obtenir ce qu’il souhaitait pour lui, pour ses sœurs ainsi que pour ses amis. Il avait l’air distrait, mais il n’en était rien. Il aimait le foot, faire du Karaté et jouer au jeu traditionnel « IGISORO », connu normalement que par les vieux du village. « Now I understand Pitchou was an angel, that is why God wanted him in his kingdom»[1].
NGWINONDEBE Aline : la seconde allait avoir 11 ans en juin 1994. Une fille très douce, très câline et très conciliante. Dans leurs jeux, souvent elle affectait de perdre pour donner sa chance au moins gagnant. « Aline was more quiet»[2] .
UWASE RWAGASANA Nadège : la benjamine avait eu 9 ans en janvier 1994. Une fille très ouverte, espiègle et copine avec son papa. Elle était très drôle, en avance sur son âge. Ses copines témoignent : « Nadège was so funny, she was mature beyond her years and very smart »[3]. Elle aimait jouer à cache-cache. Colombe, sa meilleure amie dit : « je nourris toujours l’espoir que tu vas un jour me faire signe et me dire: ça y est, je t’ai eue, j’ai gagné, comme lorsque nous étions jeunes et que nous jouions à cache-cache »[4] et d’ajouter : « je te porte et te garde dans mon cœur car c’est le seul moyen de te faire revivre »[5].
Béatrice a perdu toute sa famille pendant le génocide. Elle a eu la confirmation de la mort de presque tous et a pu donner une sépulture à certains. Le doute subsiste sur le sort qu’ont subi ses trois enfants, son frère et deux de ses enfants, ses trois cousins.
Depuis janvier 1995, Béatrice est sur les routes, pistes et sentiers à leur recherche, morts ou vivants. Grâce au soutien financier des amis, Béatrice a fait de nombreux voyages dans les pays limitrophes et lointains du Rwanda.
Son long travail de tracing lui a ouvert les yeux sur cette réalité qui, hier encore, relevait de l’impensable : beaucoup d’enfants disparus ou que l’on croyait morts sont toujours en vie, au Rwanda, ou ailleurs.
Elle a donc décidé de créer CCMES (Cri du Cœur d’une Mère qui Espère) et de s’y investir pleinement, afin de contribuer à cette immense tâche de réunir les familles séparées, et de leur offrir écoute et assistance. En effet, beaucoup de parents ont peur de déclarer qu’ils recherchent encore leurs enfants disparus : ils ont peur de passer pour des malades mentaux.
Elle encourage aussi les familles qui ont recueilli des enfants qui ne sont pas les leur à oser en parler.
Pour tenir dans la durée, le projet de CCMES a besoin d’assurer sa sécurité financière.
Si vous avez été touchés par son action, votre soutien sera le bienvenu, qu’il soit ponctuel ou plus régulier. Vous pouvez effectuer un virement au compte n° BE14-0004-2963-1083 de « CCMES Belgique», BIC BPOTBE1
[1]Karera Honoré, son ami d’enfance. Il fréquentait la même école et ils étaient voisins.
[1]Kayitengerwa Honorine, la sœur d’Honoré. Leurs parents étaient et sont ses amis.
[1]Kayitengerwa Honorine, op cit.
Uwingabiye Sabine Colombe, meilleure amie de Nadège, elle était dans la même classe.
[1]Uwingabiye Sabine Colombe.