Nous l'avons tous constaté. Nous sommes à l'ère de la globalisation.
Pourtant ne soyons pas naifs! L'ère du régionalisme n'est pas terminé.
En effet les adeptes de la globalisation perçoivent souvent le régionalisme comme obsolète voir romantique. Pourtant, plus que jamais l'être humain a besoin de références pour se mouvoir dans le
monde. Plus que jamais les politiques et l'économie misent sur une double stratégie : la stratégie globalisante, englobant tous les pays de la planète reconnus pour leur intérêt et une
stratégie répondant aux besoins spécifiques des régions.
Nous pouvons le constater en France avec la décentralisation, en Europe avec le développement des politiques interrégionales transfrontalières qui visent à aider les régions à mieux s'adapter à
l'Europe.
Nous pourrions croire que les politiques européennes promouvant le développement des régions ne sont qu'une phase transitoire avant
la réalisation de l'unité européenne.
Pourtant prenons garde car le développement culturel ne suit pas forcément le développement économique.
La culture reste étroitement liée aux traditions malgré les efforts des partisans de la globalisation pour s'en libérer.
En effet c'est à travers la culture que subsistent la frontière entre deux territoires : les différences architecturales, la langue, la gestuelle...etc
De plus l'être humain plus que jamais a besoin d'une double référence : il tend vers la globalisation et a besoin d'informations de nature globalisante pour participer à la vie politique,
économique, culturelle mais reste marqué par sa culture régionale, les us et coutumes légués par sa culture familiale, son histoire et a besoin de
s'y référer pour évoluer dans la culture globale. Il a besoin d'un lieu qui fait vivre ses propres racines auxquelles il peut avoir recours en permanence.
L'histoire des régions, leur évolution, la production liée aux ressources du sol trouvent leur dévelloppement dans les avancées
techniques de l'industrialisation à la conquête d'une modernité progressiste (production et transport surtout).
Cette époque nouvelle au travers de l'industrialisation, de la standartisation et d'une diffusion soumise à un processus de règlementation universel normalisant, s'oriente toujours davantage vers
la globalisation dictée par des ambitions économiques qui ont trouvé dans les technologies de pointe leur moyen de propagation. Un concept qui pourrait faire croire que notre propre vie est devenue un produit commercial.
C'est ainsi que depuis la fin de la reconstruction qui a suivi la seconde guerre mondiale, ce mode de développement est fortement
contesté par des groupes revendiquant leur autonomie politique, sociale et culturelle. Depuis plus de trente ans on peut parler d'un mouvement d'opposition à la "violence du centralisme et à ses
ordres" et du refus de certains groupes de suivre l'évolution des forces productrices devenues incontrolables.
Les modèles économiques et sociaux que la globalisation impose sont souvent perçus comme négatifs à cause de la distance qu'ils prennent vis à vis de la dimension locale et qui tend à son
abolition.
En revanche une culture figée dans sa tradition est en préril par ce qu'il est impossible d'arrêter la marche de l'histoire. On ne
peut que s'y adapter.
Par ailleurs il est important de veiller à ce que la culture ne soit pas saccagée comme l'a déjà été l'environnement et les
ressources naturelles.
La bataille entre culture et commerce fait rage. Sur les marchés globaux de la communication, la production culturelle fait concurrence à la production matérielle. Les nouveaux colosses de
l'industrie ne sont plus Krupp, Fiat mais Time-Warner, Disney, Microsoft ou les Telecoms. Toutes les activités humaines semblent devenues des facteurs de commercialisation grâce à leur potentiel
de médiatisation.
Cependant chez tout être humain le processus de développement se fait à partir des lieux, des évènements qui forment sa socialisation
auxquelles s'ajoutent les connaissances acquises.
On peut être certain de son attache consciente ou inconsciente à la dimension locale qui représente ses racines. Et comme la société européenne se construit sur le développement culturel, celui
des civilisations qui ont conduit le monde jusqu'au siècle dernier, son niveau de référence est encore principalement celui de sa culture et de son développement social et technologique. Dans
cette perspective la dimension locale conseve toute sa signification et reste la base d'où peut s'articuler un futur.
D'après un texte de François BUKHARDT, Théoricien du Design et de l'architecture