750 grammes
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La fille aux bourdons

La fille aux bourdons

 

 

 

Il se faisait tard. Le soleil entremêlait ses rayons avec le ciel. Ça avait été une belle journée. Mona prit son sac, y rangea son livre et monta dans sa voiture. Le parc était encore éclairé. C'était son dernier jour de congé. Elle rentrait. Demain, il faudrait retourner à la mairie, se faire harceler par la secrétaire générale, essuyer la mauvaise humeur du maire, vaquer à des tâches administratives et monotones. Demain …Mais pour le moment, il lui restait quelques heures  où elle pourrait profiter de son temps.

 

Tandis qu’elle conduisait, elle continuait de rêvasser. Son congé coïncidait avec celui de son psychiatre…

Mona avait eu de petits problèmes une dizaine d’années auparavant. Son psy avait diagnostiqué une névrose de l’échec. Depuis, grâce aux médicaments et à sa thérapie, elle avait trouvé un travail. Elle était plus stable. Mais il fallait sans cesse dissimuler cette tare à autrui ; ce qui l’ennuyait beaucoup, la gênait. Car comment expliquer ces années perdues aux autres ? Eux penseraient qu’elle n’avait pas fait grand chose, qu’elle était bête, paresseuse, nulle. Ça lui causait du tracas.

Elle passa par l’autoroute pour rejoindre le village où  habitaient ses parents. Elle y avait un appartement indépendant. Elle y était heureuse.

 

Avant son départ, son psy lui avait fait une déclaration d’amour. Elle ne savait qu’en penser. Etait-ce un test de plus ? Que voulait-il ? Elle se disait que de toute façon, elle ne saurait jamais. .Il lui arrivait quelquefois de la mettre en d’étranges situations où la convenance personnelle rejoignait sans doute les visées professionnelles. Ça ne lui aurait pas déplu, à elle, de l’épouser. Elle aurait eu une vie plus tranquille. Il devait bien savoir que les rapports sexuels avec une patiente étaient interdits. Il devait bien savoir qu’elle n’était pas prête  à se soumettre à ses fantasmes.

Elle avait téléphoné aux renseignements et avait découvert qu’il n’habitait plus avec sa femme. Elle avait apprit qu’il avait divorcé. Alors ?

 

Depuis plusieurs jours, chaque soir, elle trouvait un bourdon mort dans son salon, toujours au même endroit, sur le bureau. Elle les alignait pour être bien sure que ce n’était pas le même qui tombait de la table où elle les avait déposés. Elle en avait trouvé trois en tout en trois jours. Etait-ce un signe ? Un signe de la nature pour lui indiquer qu’elle avait le bourdon ? Le bourdon de qui ? De son psy ? Elle qui dans son délire voulait « Sauver la nature » ! C'était la Nature d'ailleurs qui lui avait appris qu'elle avait perdue la guerre contre "eux". Elle le comprit lorsque roulant au hasard avec un ami, elle s'était arrêté au bord d'une route et avait vu des lézards. Elle n'en avait jamais vu avant et cela lui avait rappelé la série "Lézards" ou des envahisseurs - des extraterrestres-lézards portant le masque d'humains- avaient colonisé la terre pour manger les humains comme du bétail. En effet, un mois plus tard, le traité de Maastricht fut voté, elle rata son examen et elle dut quitter son appartement.

 

Quelle était la signification des coïncidences ? Le psy lui avait appris à ne plus trop faire attention à elles. Elle les surprenait amusée.

 

Le lendemain elle alla au travail comme d’habitude et comme d’habitude elle se fit harceler par la secrétaire générale. Elle n’était pas assez efficace. Elle n’était pas assez rapide. Elle devait mieux présenter ses documents. Elle faisait trop d’erreurs. 

Le vendredi soir, elle se rendit comme chaque semaine a son rendez-vous mais quand elle sonna il n’y eut pas de réponse. Apparemment il n’était pas là. Comme le psy ne prévenait jamais lorsqu’il avait un empêchement, elle ne s’inquiéta pas.

Mais le samedi sa mère entra dans sa chambre avec le journal :

 

-Lis.

 

Elle prit le feuillet et vit qu’il était ouvert à la page des rubriques mortuaires. Elle lut l’annonce de la mort de J.Lance.

Alors oui, il devait abuser de l’alcool et du tabac mais il disait qu’il était diabétique et que les médecins le trouvaient bien récemment. « Vous êtes jaune, docteur ! » lui avait-elle répondu. Il avait sourit.

« Mal soigné » lui répondit son médecin de famille quand elle eut l’occasion de lui demander de quoi il était mort.

 

Elle se souvint de la première fois qu’elle était allée le voir. Elle avait bien des ennuis alors ! Elle avait vu ce film d’Altman sur les psys et n’avait jamais voulu aller  consulter alors que ça aurait pu éviter cet épisode délirant. Ses parents la croyaient forte alors. Personne n’aurait pu prévoir.

Elle roulait en voiture la nuit et quelqu’un avait oublié un paquet de tabac devant la vitre qui servait de guichet dans une station essence. Le guichetier lui avait dit quelle pourrait repasser boire un café la prochaine fois. Ce genre de choses ne lui arrivait jamais.

Elle avait regardé le paquet de tabac et s’était demandé ce que ça voulait dire. Entre temps elle avait parlé à ses parents de ce qui lui arrivait et ils avaient demandé au médecin de famille de passer.

Il lui avait demandé de consulter un psychiatre de sa connaissance, le seul psychiatre bien qu’il connaisse. 

Le jour de son rendez-vous  tout s’opposa à ce qu’elle se rende chez son psy. « Eux » ne le voulaient pas. Une femme et sa fille qu’elle avait connues étaient sur son chemin comme si elles l’attendaient. Elle se souvenait que cette femme, la mère d’une connaissance, était psychologue. Elle choisit de ne pas s’arrêter et d’aller chez le psychiatre comme convenu avec ses parents et le médecin de famille.

Elle était entrée dans l’appartement et ça sentait très fort le tabac. Elle se rappela le paquet vu dans la station essence. Encore un signe. Elle avait attendu dans la salle d’attente et il avait ouvert la porte du cabinet. Il était vieux et en mauvais état. Il avait une barbe en collier et ne semblait pas très sportif. Son cabinet était assez poussiéreux comme en une fin de siècle à Vienne et il fumait la pipe.

Le fait qu’il fumât lui plut. Il lui demanda de parler, de dire tout ce qu’elle avait en tête. Alors elle parla, elle parla de ses diplômes, de tout ce qu’elle avait fait dans sa vie, de ce qui lui était arrivé cet été là pour qu’il lui fiche la paix. Elle voulait la paix et c’était tout ! Qu’on la laisse tranquille ! Qu’on la laisse lire, lire et fumer.

Mais cela ne lui fit pas grand effet. Il n’était nullement impressionné. Elle avait quelques diplômes prestigieux pourtant. Il lui posa une question et lui prescrivit des médicaments. Elle demanda combien de temps elle devrait les prendre. « Oh, fit-il, un mois ou deux ». Elle était allée chercher les médicaments à la pharmacie mais elle décida de ne pas les prendre.

Arriva le second rendez-vous. Elle attendit sagement son tour et alla dans le cabinet. Elle parla.

Tout à coup il lui dit calmement : « Et les médicaments ? ». Elle réfléchit puis lui dit « Je les ai pas pris ». Il sursauta et fit «  Pff » de l’air de quelqu’un qu’on a estomaqué. Puis il se reprit et dit de sa voix de bon père de famille : « Il faut les prendre ».

Elle dit « Bon d’accord » d’un air résigné et le soir elle les prit. Ces médicaments furent terribles. Ils l’énervaient. Elle se sentait très  tendue et énervée à l’intérieur, les premiers jours sa vue baissa et elle dût mettre les lunettes de sa mère mais elle continua de les prendre. Quand elle vit le psy la fois suivante il dit : 

— « Je vous trouve plus calme ».

   Plus calme ! Je me sens très énervée !

   Oui mais moi je vous trouve plus calme, plus calme…

C’était lui le médecin. En plus elle ne l’impressionnait pas. Elle décida de prendre sur elle et d’écouter.

Plus tard il lui dira toujours « Vous le supportez bien » bien qu’elle soit constamment fatiguée et ne pouvait rester debout plus tard que neuf heures et demie le soir.

Il lui apprit beaucoup de choses. Il l’encourageait à lire mais pas à écrire. Décidément elle ne l’impressionnait pas. Parfois il disait « Vous comprendrez plus tard ».

Mais lui était de plus en plus mal. Sa femme disait qu’il prenait des médicaments quand un patient l’appelait pour lui dire que son mari allait mal et dormait dans le cabinet, en face du patient. 

Il buvait peut être. Pourtant un jour,  elle avait fait le tour de l’appartement pensant le trouver allongé quelque part car le cabinet était ouvert et il n’était pas là, le téléphone étant décroché. Elle n’avait vu aucune bouteille. Après elle était allée prévenir le pharmacien que tout était ouvert avec les ordonnances à portée de main et elle était retournée dans le cabinet une dernière fois.

Un patient attendait dans la salle d’attente et il était là. Alors elle lui avait dit les quatre vérités et il avait rigolé en agitant la main vers l’autre patient de la salle d’attente l’air de dire « Ou lala j’en prends pour mon grade, là. Elle est très en colère. ». Il lui avait dit d’entrer. Il avait refermé la porte et lui avait dit qu’il avait laissé ouvert pour qu’elle n’ait pas à attendre dehors car il savait qu’elle venait toujours en avance. Il était sorti manger un morceau. Maintenant il était mort.

 

La journée avait été très dure mais elle devait encore téléphoner au remplaçant de son psy pour les médicaments. Elle obtint un rendez-vous trois jours plus tard.

Arrivée chez lui  elle attendit son tour puis entra dans sa salle de consultation. C’était un homme de petite taille qui avait l’air très dynamique. Il lui prescrit les médicaments et elle lui demanda s’il pouvait prendre la relève pour ses soins. Il lui dit qu’il n’en avait pas le temps. Elle lui demanda s’il pouvait lui conseiller quelqu’un d’autre. Il avait un nom. C’est ainsi qu’elle atterrit chez le docteur Frot.

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La Schnabel

 

La Schnabel
 
 

La nuit tombait sur le village réveillant le démon qui commandait aux sorcières et autres êtres maléfiques. Ils hantaient les rues des hameaux après l’Angélus du soir et disparaissaient quand sonnait celui du matin jusqu’à ce que le pape Pie X ne les bannisse à tout jamais. C’était le temps du lapin à trois pattes qui apparaissait à côté des chevaux avant l’aube, les paysans ayant attelé pour chercher de la luzerne. Les animaux ne parvenaient plus à avancer car l’attelage devenait terriblement lourd. Ils suaient, écumaient, recouvrant leur mors de salive blanche, jusqu’à ce que le lapin à trois pattes disparaisse brusquement lorsque sonnait l’Angélus du matin.

C’était le temps de cette jument supplémentaire dans l’écurie, se cabrant et ruant avec une violence inouïe, chaque nuit, jusqu’à ce que le fermier ait l’idée de la ferrer et qu’on retrouve les fers sur les mains et les pieds d’une voisine le lendemain matin.

Ou encore de ces monstres qui parcouraient les ruelles du hameau, dévorant les villageois avant qu’ils ne protègent leur maison en plaçant une statue bénite de la vierge à l’intérieur de la niche creusée dans le grès du portail.

 

Ces légendes se racontaient à la foire, au lavoir, aux champs et fascinaient les enfants.

 

Dans le trou, im loch, comme l’appelait les gens du coin, car c’était une déclivité, peut-être une ancienne carrière de lœss séparant les jardins des uns de celui des autres, trônait la ferme familiale. Tout était noir. Eugène et Alphonse avaient éteints leur bougie dans la chambre qui donnait sur l’impasse en contrebas de la route. Ils étaient les plus jeunes fils de Lina, issus de son second mariage. Le premier mari de Lina avait succombé aux coups de fourche d’un ouvrier agricole lors d’une dispute. Marie et Johan étaient ses enfants. Lina avait eu quatre autres enfants avec Laurent, son second mari : Joseph, Auguste, Alphonse et Eugène.

 

Les temps étaient durs pour eux, mais ils étaient vaillants. Les deux femmes de la maison, la mère et Marie s’occupaient du ménage, de la cuisine, et faisait de leur mieux pour donner un semblant d’éducation aux plus jeunes. Malgré tous leurs efforts, ceux-ci avaient très mauvaise réputation, n’hésitant pas à se battre quand on les provoquait. Surtout ils avaient toujours d’excellentes idées pour s’occuper, comme le jour où ils parvinrent à dérober les dessous de la bonne du curé, accrochés sur un fil dans le jardin du presbytère, et les promenèrent au bout d’un bâton, ourlés de dentelles, dans tout le village.

Les deux enfants cherchaient le sommeil quand sur le volet retentirent trois coups sourds.

 

    A Haks* ! dit Eugène saisissant son chapelet sous l’oreiller, pris d’une peur panique.

 

Les deux enfants interloqués se turent un moment. Ces coups ne pouvaient pas venir d’un voisin. Il aurait frappé au volet du père et non au leur .Ja ! Ça ne pouvait être qu’une sorcière.

Ils dressèrent les oreilles. Deux coups plus forts retentirent contre le volet. Alphonse plus hardi décida d’en avoir le cœur net et alla chercher un bâton dans la cuisine. Il ouvrit le volet. Et, comme il ne voyait rien, il sauta par la fenêtre le bâton sous le bras.

 

Les minutes passèrent, Eugène se cramponnait aux draps. Le bruit des sabots d’Alphonse s’était assourdi puis, plus rien. Comment vaincre une sorcière ? Ce n’était pas une bagarre égale. Alphonse contre le diable ! Il murmura une prière.

 

Bientôt il entendit à nouveau des pas. C’était rassurant, les sorcières ne marchent pas : elles volent. En un rien de temps Alphonse sauta dans la pièce.

 

    Die haks, di kommt nemi, dit-il

(Cette sorcière, on ne la verra plus !)

 

Eugène tout surpris de voir son frère vivant et de si bonne humeur après un événement si grave, lui demanda ce qui s’était passé. Mais Alphonse ne voulut lâcher un mot de plus. Bientôt il émettait un léger ronflement qui signalait qu’il dormait.

 

Tant bien que mal, Eugène s’endormit aussi.

 

Le lendemain, avant d’aller à l’école, ils nettoyèrent les betteraves rouges** qu’Auguste et Louis coupaient en morceaux et que le père et Johan fourrageaient aux bovins, donnèrent de la luzerne avec leurs frères et se postèrent au puits pour remplir les seaux dont Johan et le père abreuvaient vaches, veaux, génisses, taureaux et chevaux car ils étaient trop lourds pour eux. Ils remplirent aussi d’eau le petit abreuvoir en grès de la basse cour après que Marie ait donné à manger aux poules et aux canards. Puis pendant que Johan et le père finissaient de fourrager, ils mangèrent deux tartines de crème saupoudrée de sucre et se préparèrent pour l’école.

Loin d’être bêtes, Eugène et Alphonse avaient plutôt intérêt à s’y tenir à carreaux car si d’aventure le père apprenait qu’ils s’étaient vus infliger des coups de règle sur les doigts, ils étaient assurés de recevoir une bonne fessée en guise de consolation. L’enseignement, avant 14 était dispensé en allemand mais à la récréation tout le monde parlait alsacien.

 

    Louis, weish was. Gecht owe het te Alphonse a haks getreche***. Eugène ne pouvait s’empêcher de raconter l’exploit d’Alphonse à son ami Louis.

 

    Yo du spensh yo !**** Louis le prit pour un affabulateur et Eugène ne se risqua pas à insister. L’exploit d’Alphonse était si démesuré que personne ne le croirait. Il avait battu une sorcière.

 

Au déjeuner, Marie et Lina avaient fait de la tarte aux oignons cuite après le pain dans le four à bois, comme tous les mercredis*****. Le repas se déroulait en silence car faire du pain et de la tarte pour huit personnes les avait fatiguées. Pourtant, Marie, qui était bavarde, aimait à partager les moments intéressants de sa matinée avec le père revenu des champs.

 

    La vieille Schnabel a mendié deux œufs pour se faire une omelette. Elle dit que ses poules ont crevé cette nuit. Cette pauvre femme est sans doute bizarre, bien sale et un peu folle mais je les lui ai donnés quand même. Le Bon Dieu est là pour elle aussi.

    Oui, tu as bien fait, dit la mère.

    Elles sont mortes de quoi, les poules ? osa Eugène intéressé.

Le père n’aimait pas que les enfants se mêlent des affaires sérieuses mais il laissa dire.

    Ecoute, elle m’a dit qu’elles avaient été empoisonnées. Mais maintenant que j’y pense, elle était toute fourbue, toute contusionnée, comme si elle était tombée, s’était cognée. Pauvre vieille, elle perd un peu la tête et la nuit seule dans sa maison…

    Peut-être qu’elle a été attaquée par une sorcière, osa encore Eugène malgré le coup d’œil réprobateur du père.

    Oui, dit Johan, ses poules vont très bien ! Je les ai aperçues en passant avec Minette*****. Elles sont en très bonne santé dans la cour.

    Oh bon. J’aurais pas du lui donner alors.

    La Schnabel, crois-moi, a toute sa tête. C’est juste qu’elle est trop avare et qu’elle raconte des histoires, dit encore Johan.

    Bon, dit le père, fait c’est fait. Jung und dum (Jeune rime avec bête). La mère de la Schnabel déjà racontait toujours qu’il lui était arrivé des catastrophes pour que les gens lui donne quelque chose.

    Oui, dit la mère, mais c’est quand même une pauvre femme.

 

Sur le chemin de l’école Eugène se décida enfin à demander à Alphonse comment il avait fait pour battre la sorcière :

    Alphonse comment tu as fait pour battre la sorcière ?

    C’était pas une vraie sorcière. T’as pas encore compris ?

    Quoi ?

    T’es vraiment trop bête !

.

Les nuits suivantes comme toutes les nuits se passèrent sans entraves. La ferme dormait paisiblement au fond de son trou. Les sorcières s’étaient-elles donné le mot ?

 
 
 
* traduction : « Une sorcière ! »

**la betterave rouge est une betterave fourragère contrairement à la betterave sucrière qui est jaunâtre.

*** traduction : « Louis tu sais quoi ? Hier soir Alphonse a tapé une sorcière »

****traduction : « Eh t’es fou toi ! »

*****Le mercredi les enfants allaient en classe. C’était le jeudi qui était libre.

******Minette était un nom donné aux chevaux.

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Méfiez vous des coiffeurs !

 

Méfiez-vous des coiffeurs ! trois coups de ciseaux et une simple jeune femme intègre et sans histoires est transformée en bombe à retardement. Toute l’animalité cachée par ses cheveux est vue au grand jour. Bonjour les dégâts.

 

Elle avait les cheveux longs légèrement ondulés et très épais. Elle ne les attachait jamais et avait l’air d’une femme de cromagnon. Les couleurs, elle les faisait chez sa mère. Ses cheveux blancs étaient apparus très tôt. C’était de famille. Un des rares coiffeurs chez qui elle s’était rendue avait eu l’idée de lui faire une teinture un peu rouge qui relevait sa peau blanche jonchée de tâches de rousseur. Le coiffeur avait disparu dans la nature suite à un redressement judiciaire et depuis, elle allait se faire couper les cheveux une fois l’an. Parfois sa mère les lui raccourcissait un peu avant de lui faire la couleur. C’était moins cher ainsi. Et de toute façon elle aimait les cheveux longs, naturels. Pourquoi donc sophistiquer, éliminer ce que la nature avait donné de mieux ? Le problème c’est que son entourage n’était pas du même avis. « Pourquoi ne se ferait-elle pas une coupe ? Une belle coupe…. Va te faire plaisir chez le coiffeur….nenenenene ! A part son mari tout le monde voulait toujours la faire aller chez le coiffeur.

 

Et une fois encore, elle s’était laissée persuader de se faire faire une coupe. Une amie lui avait parlée d’un certain Larbi qui tenait échoppe près de chez elle. Elle s’était décidé à prendre rendez-vous et avait composé le numéro. Au bout du fil, une femme d’une amabilité feinte l’avait obligée force salamalecs à venir en nocturne car le carnet de rendez-vous de Larbi était complet. Elle avait accepté pour ne pas trop repousser l’épreuve. «  Autant en finir au plus vite ».

 

Le jour du rendez-vous, avant de partir, elle se regarda une dernière fois dans le miroir, boutonna son manteau, descendit au parking, prit sa super cinq et se mit à chercher le salon de Larbi. Elle longeait la rue principale du faubourg à vitesse moyenne et aperçut une petite boutique modeste avec un néon rose qui épelait LARBI and Co. Elle manqua de rater le feu rouge et décida de tourner à droite pour se garer. Elle regarda sa montre : dix neuf heures cinquante cinq. Elle avait le temps de fumer une cigarette.

Elle se demandait toujours si les gens ne la confondaient pas avec une prostituée quand elle fumait ainsi la portière ouverte, une jambe dehors comme pour inviter le chaland à monter. Elle fumait lentement, inhalant chaque bouffée de poison comme si sa vie en dépendait. Quand elle eut finit, elle prit son sac et marcha vers l’enseigne. Elle entra. C’était petit.

Une jeune femme mince aux cheveux court et colorés était affairée à encaisser un client sur sa droite. Une autre « bimbo » travaillait à colorer les cheveux d’une vieille dame. Ça avait l’air ringard sauf pour quelques photos de filles dont elle n’aimait pas les coupes.

Quoi de plus naturel que les cheveux longs ? Quoi de plus beau ?

Elle vit une homme d’une taille moyenne, très mince, qui coiffait une jeune femme en plaisantant. Ce devait être Larbi. Il lui dit un grand bonjour et elle répondit poliment. La « bimbo » s’occupa de sa veste, la fit patienter sur un canapé de cuir gris. Elle détestait attendre. Elle détestait les coiffeurs. Sa mère lui avait fait couper les cheveux très courts à quatre ans pour les renforcer et tout le monde avait pensé qu’elle était un garçon. A l’adolescence sa mère l’avait obligée à garder les cheveux courts pour qu’elle soit comme elle. D’ailleurs les coiffeurs avaient toujours tendance à dégrader ses cheveux épais et elle se souvenait de ses crises quand ils lui avaient tout coupé. Tout le monde la trouvait toujours très bien mais elle, elle savait que ces cheveux mettraient très très longtemps à repousser. Elle tâtait son crâne et il n’y avait plus cette masse riche, bouclée, parfumée qui faisait sa féminité.

 

La « bimbo » l’invita à passer au shampoing. Elle devait avoir un grade plus haut que l’autre « bimbo » dans la hiérarchie du salon de coiffure. Elle avait l’air plus âgée. Sybille décida de ne plus l’appeler « bimbo » mais « assistante » dans sa tête. L’  «assistante » de Larbi lui lavait les cheveux en lui demandant toute les deux minutes si la température convenait, puis elle lui proposa un soin pour cheveux secs de sa voix suave et décolorée. Sybille pensa : de quoi augmenter la note. Mais elle accepta. La fille massait doucement son cuir chevelu et elle tentait de se détendre. Puis elle arrêta de masser et annonça que le soin devait poser dix minutes. Larbi qui avait fini de s’occuper de sa cliente vint la rejoindre derrière la tête au repos de Sybille et se mit à lui parler bas de sorte que Sybille n’entende pas. La fille disait « D’accord, ok ». Sybille se demandait de quoi ils pouvaient bien parler. Etait-ce possible que ce soit de son cheveu ? Le soin posa dix minutes puis vint le rinçage et la fille refit des simagrées en demandant tous les deux minutes si la température de l’eau convenait. Sybille était morte de peur.

 

Enfin Larbi vint la chercher pour la coupe de sa démarche de félin Elle le trouvait un brin efféminé avec sa teinture gris perle et ses cheveux dégradés. Elle s’assit et Larbi parla. Il lui parla de sa maison de coiffure. Il lui parla du prix de l’appareil qu’elle avait au dessus de la tête qui coûtait autant qu’une twingo et de ses parents qui étaient coiffeurs et de son chien qu’il avait acheté dans un élevage car il était de la race des quelque chose se finissant par anglais. Pendant qu’il parlait, il examinait son visage et ses cheveux mouillés. Il s’arrêta et demanda « Alors qu’est-ce qu’on fait ? »

Sybille avait pensé maintes et maintes fois à sa coupe. Elle avait cherché dans les revues et les images à la maison sans que rien d’autre que les cheveux longs puisse lui plaire.

— J’aimerais la même coupe que Cyndy Crawford, dit-elle en inventant un peu

— Laquelle ? dit Larbi en la regardant dans le miroir l’air intéressé.

Sybille n’avait jamais pensé que Cyndy Crawford puisse avoir plusieurs coupes et se tut.

— Et si tu me faisais confiance ? dit encore Larbi

— Bon d’accord je te laisse faire, dit enfin Sybille.

— Voyons voir….Tu as un visage triangulaire voir rond et donc je te propose cette longueur, dit-il en prenant une mèche entre ses doigts et en la pinçant au niveau de l’épaule.

— Et puis tu as le cheveux épais et on va devoir dégrader…..

— Ah non !

 

 

 

— Bon d’accord.

Larbi se mit à couper en continuant de lui parler de sa vie. Comment il avait vu son père couper les cheveux et comment il avait voulu devenir cuisinier et puis comment il n’avait pas supporté les cuisines et s’était reconverti dans la coiffure, comment il avait fait pour survivre aussi longtemps dans ce quartier et comment….

Sybille les cheveux mouillés ne pouvait faire autrement que de se regarder dans la glace. Elle se trouvait affreuse. Le visage bouffi, ridé, une tête énorme et triste où les défauts étaient bien plus proéminents que chez elle.  Elle voyait ses cheveux s’amonceler par terre tandis que Larbi coupait et elle se sentait de plus en plus mal. Ça allait encore être pareil. Pourquoi s’était-elle laissée persuader de venir? Ces coiffeurs ne voulaient qu’une chose : dégrader ! A cet instant son attention fut attirée par une petite pochette que Larbi et son assistante arboraient sur le coté droit de la hanche. Ils en tiraient ciseaux et autres ustensiles à couper, à dégrader. Elle fut intéressé mais se ressaisit : « Qu’est ce qu’ils étaient maniérés avec leurs coupes et leurs pochettes. Tout ça pour des cheveux ! »

 

Enfin les cheveux furent coupés et Larbi chercha le sèche cheveux pour faire le brushing. Ça avait toujours été très long le brushing pour Sybille vu la masse de ses cheveux. Il commença par lui mettre une bonne douzaine de pincettes multicolores dans les cheveux, séparant les mèches et les enroulant avant de les fixer. Puis il se saisit du sèche-cheveux et la bataille commença. Il se mit à enrouler une mèche autour d’une brosse ronde sur laquelle il passa le sèche cheveux, puis une autre posant la pincette sur la table en face de Sybille. Il enroulait puis tirait, tirait. « Plutôt physique comme métier » pensa-t-elle. Sybille regardait son visage qui recommençait à avoir l’air de quelque chose. Mais quand le brushing fut presque terminé et qu’elle se résignait enfin à être plus moche qu’avant elle jeta un regard à la glace et eut soudain une inquiétude. Le visage qui la regardait se mettait à ressembler de plus en plus à….Monica Levinski. Elle imaginait le cigare et Bill Clinton. Elle n’aurait jamais du venir chez ce coiffeur.  Tout le monde se ficherait d’elle. Elle le dit à Larbi qui fit une moue mais ne répondit rien.

Quand le brushing fut enfin terminé, Larbi lui proposa de mettre un peu de cire sur ses cheveux pour atténuer le volume.

 

 

 

Elle accepta qu’il mette de la cire sur ses cheveux en espérant qu’elle ne serait pas facturée. Elle essayait d’être tout à fait décontractée. Enfin Larbi lui présenta le miroir pour qu’elle puisse admirer le travail qu’il avait fait à l’arrière. Sybille avait de la sympathie pour ce Larbi finalement et elle lui fit le plus beau compliment qu’elle put trouver :

 

 

 

 

Larbi lui chercha son manteau et il encaissa en lui proposant la carte de fidélité. Elle présenta sa carte bleue et ne regarda pas le prix. Elle verrait ça plus tard, dehors. Larbi lui tint la porte et lui dit « à bientôt » tout comme ses assistantes.

 

 Enfin elle était dehors. Elle regarda l’effet que faisait sa coupe sur les passants. Plusieurs la regardèrent. Elle fut surprise. En marchant vers sa voiture, elle essayait de se regarder dans la vitrine du coiffeur concurrent dans la rue de Larbi. Mais elle ne voyait pas bien. Pourtant, elle se sentait changée, domestiquée. Elle tourna la clef dans la portière de sa voiture, s’assit et baissa le pare-soleil pour se regarder dans le petit miroir. Elle ne voyait toujours pas très bien. Mais elle se sentit belle, différente. Elle regarda la note : 75 euros ! Pourtant Larbi lui avait dit qu’il n’avait pas augmenté ses prix depuis deux ans. Et puis flûte ! se dit-elle. Elle conduisit sa super cinq comme une diva qui se rend à l’opéra. Elle ne voulait pas trop faire l’allumeuse mais regardait discrètement l’effet qu’elle faisait. C’était mieux que d’habitude.

 

Enfin elle fut chez elle. Les enfants étaient en vacances chez sa mère. Elle passa dix minutes devant le miroir à s’examiner. C’était court. Elle n’avait pas l’air de la jeune femme de ses rêves, ni d’une femme de cromagnon. Il faudrait qu’elle s’habitue. Tout à son examen elle décida d’enfiler les nouveaux habits que lui avait acheté sa mère et se regarda encore. Ah oui. Ça faisait cadre supérieure. Elle décida de sortir ainsi attifée.

 

Habillée et coiffée, avec l’air de la diva en mission  sur son visage, elle n’était plus la même femme. Dans le tram elle fit sensation. En ville elle s’assit sur un banc car elle était en avance et elle se fit aborder par trois hommes en un quart d’heures. Du menu fretin certes mais quand même cela ne lui arrivait jamais avant.

Sybille se sentait bien finalement avec sa coupe et elle se dirigea vers le bar.

 

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La déculturation

 


 

 

-Tu sais dans mon pays, dans la ville d'où je viens et où je vais en vacances, tout le monde se connaît.

-Oui, c’est comme dans mon village, tout le monde se connaît.

-Ah bon ben c’est comme chez moi un peu.

-Oui. Comment tu fais pour bien vivre ici ? Tu n’as pas eu de problèmes tu disais ?

-Il faut s’adapter, apprendre les nouvelles règles, les règles du nouveau pays.

-Oui moi aussi, j’ai du m’adapter à la ville, apprendre ses règles, apprendre que Dieu est mort au cours de philo et je l’ai cru. Tu crois en Dieu ?

-Oui. J’avais une amie avec qui j’aimais discuter. Elle était catholique très pratiquante. Elle fleurissait une église.

-….

-….  

Les champs inspirent Dieu. Les chants aussi.

-Pourquoi crois-tu en Dieu ?  

-C’est dans mon enfance. On m’a dit Dieu est bon, Dieu est grand, et puis on m’a emmené à la mosquée.  

-Moi j’allais à la messe et j’ai lu la Bible. J’ai fait un concours biblique organisé par des protestants.   

-…  

-J’ai demandé au curé si c’était possible. Il a dit oui. Tu as lu le Coran ?  

-Oui je l’ai lu.  

-J’ai inventé un mot.  

-Oh Herade ! dit-elle en riant  

-La déculturation.

-Qu’est ce que c’est ?

-C’est ce que nous avons vécu. Renier sa culture d’origine pour s’adapter à la nouvelle. Oui c’est douloureux mais on a pas le choix. Les nouvelles règles sont juste un peu difficiles à installer.  

-Le mieux c’est de les apprendre et de les juxtaposer aux anciennes et c’est ce que j’ai fait.  

-Pas moi, j’ai trahi, tout renié en bloc. Puis je suis revenu en arrière et je me suis promis de ne plus jamais trahir quel qu’en soit le prix à payer.

-Quand mes parents sont venus ici, ils ont du s’adapter.  

-Les miens sont resté au village. Ils ont évolué mais pour eux rien n’a changé. Maintenant je fais comme toi. Je n’essaye plus de sortir mon passé de moi-même. Je juxtapose ce que mes parents m’ont appris à ce que m’apprend la ville.

- Tu étais un peu destructrice pour toi-même.  

-On apprend.  

-Oui, on apprends.

 

 

 

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Tanta Maria et les vaches

 

 


 

 

Tante Maria court dans la grange ! Ce midi, je l’ai vue. Elle dit aux autres qu’elle allait fumer une cigarette et sortit. Je la suivis. Quand je la vis, elle courrait vite de long en large sans s’arrêter. Parfois on avait l’impression qu’elle restait un peu suspendue en l’air avec ses jambes bottées qui montaient et descendaient comme des ciseaux. Comme elle faisait du bruit, les vaches la regardaient. Et puis tout à coup, elle s’arrêta, essoufflée devant une vache bien précise. Cette vache était habitée d’une drôle de force : elle avait un drôle de corps, une drôle de tête aussi. On eût dit qu’elle avait du foin autour d’elle alors que je sais pertinemment que dans une caillebotis (enclos pour vache avec une grille derrière où tombent les excréments et du caoutchouc pour dormir), il n’y a pas de foin. Cette vache se démarquait singulièrement de ses compagnes : c’était une hors-la-loi. Elle la regarda méfiante. C’est comme si elle avait voulu libérer la force contenue dans l’animal. Elle avait l’air de craindre ses airs réprobateurs. Alors elle fit une chose. Elle scruta l’animal et l’énerva pour qu’il fume, écume de colère, se détache (il ne faut pas énerver le bétail pendant la journée car il donne moins de lait le soir et les animaux colériques sont dangereux) et soit libre. Mais la vache regarda tranquillement Tante Maria et cligna des yeux.

- Tu es intelligente, toi, dit Maria qui avait l’air étonnée par la faculté de détachement de l’animal, sa supériorité tranquille.

Puis Maria comprit. Elle utilisa ce que la vache lui avait enseigné. Elle passa à la voisine, la regarda et cligna des yeux. La vache cligne ! ça marche !

 Sans le savoir, l’hors-la-loi lui avait enseigné la façon de répandre la paix soit avec vous chez les vaches : il suffisait de cligner des yeux.

Après elle est allée cligner deux ou trois fois chez d’autres vaches et je me suis bien cachée parce qu’elle est rentrée dans la cuisine. Puis je suis rentrée dans la cuisine aussi et j’ai dit que j’étais allé m’aérer. Les autres buvaient encore leur café.

 La prochaine fois que Tante Maria viendra à la ferme je regarderai si elle court encore. Elle a pas le droit d’énerver les vaches comme ça et après tout on ne parle pas aux animaux. Ils comprennent rien de toute façon. Moi je ne parlerais jamais aux vaches. Je m’intéresse plus aux machines.

 

 

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Le syndrome du meuble

 

Voici donc une autre de mes nouvelles :

Le syndrome du meuble

 

 

Le soir tombait. C’était l’été. Les nuages obscurcissaient le ciel dans la préparation d’un orage. Sans y prendre garde, je rendais visite à madame Roque. Elle habitait dans ce que nous autres villageois appelions le quartier, le lotissement en fait. Madame Roques me donnait des cours d’anglais et j’allais quelquefois chez elle prendre le thé. Nous bavardions dans la cuisine quand elle me dit : " Venez, il faut que je vous montre mon Ferguson. "

 

Je la suivis dans la salle à manger dominée par une armoire monumentale en bois massif avec d’énormes tiroirs et des motifs bombés. Elle s’approcha de l’armoire, les battants cédèrent et s’ouvrirent sur une étrange alcôve .Elle ne m’en avait jamais parlé. Madame Roques s’y glissa la première veillant à ce que je la suive. Je découvrait un repère de meubles bas, hétéroclites, fignolés, agglutinés les uns aux autres qui formaient un carré au centre de la pièce .Tout était là pour décorer…Et comme elle s’avançait, Madame Roque soulevait une multitude de bibelots déposés sur les meubles pour me les montrer. Je restai polie. Et comme nous déblatérions sur la qualité des objets entrevus, l’endroit s’aérait. Il devenait plus large. Il me semblait que le vent soulevait des tentures inexistantes.

 

Je lui dit : " Oui , oui , celui-ci est très fin, mais dites moi, à quoi cela sert-il ? "

 

-" Bientôt ce seront des antiquités "dit-elle d'un ton péremptoire

 

L’alcôve disparut. Seules deux tentures à pompons délimitaient encore l’espace.

 

-" C’est mon Ferguson . J’aime venir le regarder. " dit Madame Roque

 

Puis, comme le vent soufflait toujours, le Ferguson s’étendit à la maison toute entière, la réduisant à une série de pièces inhabitées fastement pourvues de mobilier "ancien" produit par l’artisanat local en pleine recrudescence. Madame Roque n’était pas née au village, mais elle en avait contracté les pires habitudes comme cette manie d’entasser des meubles encombrants et autres nids à poussière qui coupaient les fonds à sa famille. Pour elle il ne s’était rien passé : c’était la magie du Ferguson.

 

Je la laissai au milieu de son Ferguson et partis dans l’orage.

 

 

 

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