-Tu sais dans mon pays, dans la ville d'où je viens et où je vais en vacances, tout le monde se connaît.
-Oui, c’est comme dans mon village, tout le monde se connaît.
-Ah bon ben c’est comme chez moi un peu.
-Oui. Comment tu fais pour bien vivre ici ? Tu n’as pas eu de problèmes tu disais ?
-Il faut s’adapter, apprendre les nouvelles règles, les règles du nouveau pays.
-Oui moi aussi, j’ai du m’adapter à la ville, apprendre ses règles, apprendre que Dieu est mort au cours de philo et je l’ai cru. Tu crois en Dieu ?
-Oui. J’avais une amie avec qui j’aimais discuter. Elle était catholique très pratiquante. Elle fleurissait une église.
-….
-….
Les champs inspirent Dieu. Les chants aussi.
-Pourquoi crois-tu en Dieu ?
-C’est dans mon enfance. On m’a dit Dieu est bon, Dieu est grand, et puis on m’a emmené à la mosquée.
-Moi j’allais à la messe et j’ai lu la Bible. J’ai fait un concours biblique organisé par des protestants.
-…
-J’ai demandé au curé si c’était possible. Il a dit oui. Tu as lu le Coran ?
-Oui je l’ai lu.
-J’ai inventé un mot.
-Oh Herade ! dit-elle en riant
-La déculturation.
-Qu’est ce que c’est ?
-C’est ce que nous avons vécu. Renier sa culture d’origine pour s’adapter à la nouvelle. Oui c’est douloureux mais on a pas le choix. Les nouvelles règles sont juste un peu difficiles à installer.
-Le mieux c’est de les apprendre et de les juxtaposer aux anciennes et c’est ce que j’ai fait.
-Pas moi, j’ai trahi, tout renié en bloc. Puis je suis revenu en arrière et je me suis promis de ne plus jamais trahir quel qu’en soit le prix à payer.
-Quand mes parents sont venus ici, ils ont du s’adapter.
-Les miens sont resté au village. Ils ont évolué mais pour eux rien n’a changé. Maintenant je fais comme toi. Je n’essaye plus de sortir mon passé de moi-même. Je juxtapose ce que mes parents m’ont appris à ce que m’apprend la ville.
- Tu étais un peu destructrice pour toi-même.
-On apprend.
-Oui, on apprends.