750 grammes
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fables

Jungle urbaine- scéne de la vie quotidienne

L’homme est mince, de métal. Ses yeux son métalliques, son être est métallique. Tout est contrôlé en lui. Il est habillé élégamment de noir et de gris avec un col roulé je crois.

Il prend le tram avec un jeune homme des cités. Le jeune homme n’a pas l’air de savoir ce qui lui arrive. Je ne sais pas s’il parle bien français ou s’il parle avec un accent. Je n’entends pas. Je suis assise trop loin. Il n’a pas idée de ce qui, j’en ai peur, l’attend.

Je ne sais pas ce qu’on lui a promis, quel était l’appât. Il passe un coup de fil. Je les regarde. Je ne dis rien. Je ne fais rien. Je ne préviens pas le jeune homme.

L’homme de métal a vu que j’ai vu. Il a vu que j’ai détourné le regard et fait comme si de rien n’était. Le jeune homme me regarde aussi. Je ne fais rien. J’ai trop peur que ça recommence.

Il y a une interrogation dans le regard du jeune homme. Je détourne le regard. Je me protège. Les autres personnes du tram ne réagissent pas. Ce sont deux hommes qui prennent le tram.

Je ne sais pas si ce que j’ai vu est ce que je crois. Si ce que j’ai vu est ce que je crois c’est immoral de n’avoir rien vu. Si j’étais intervenue je ne sais pas ce qui se serait passé. Tout ça aurait recommencé. Je sais que si ce que j’ai vu est ce que je crois on en sort les pieds devant. Du moins c’est ce que quelqu’un m’a dit un jour quand j’ai évoqué le sujet. Je vois que l’homme de métal emmène sa proie et qu’ils sortent du tram.

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Le bègue

 
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C’était un dimanche. Les hommes étaient rassemblés dans un restaurant du village ( " wirtschaft ", en alsacien). Ils discutaient entre eux. Certains jouaient aux cartes. Parmi eux , accoudé au comptoir, se trouvait Emile, un simple d’esprit, orphelin, placé comme ouvrier agricole chez un fermier du village. Il sirotait son vin paisiblement savourant ce moment d’inactivité où il ne goûtait qu’à la joie de faire partie d’une communauté, d’y avoir une place, même maigre. Mais la joie paisible d’être au calme ne dura pas longtemps. Les villageois le houspillaient souvent mais pas trop méchamment (Cela aussi faisait partie de sa vie en communauté) mais ce jour-là fut différent. Paul, l’alcool aidant, eu le malheur de faire porter ses moqueries sur les conquêtes improbables d’Emile. D’habitude, l’idiot ne disait rien, il laissait dire. Mais là s’en était trop. Paul était allé trop loin. Il se mit en colère et en bégayant répondit : " Du besh so dum das net verecke kansch ". Tu es tellement con que tu n’arriveras pas à crever. Le bon mot d’Emile fit sensation au restaurant.
L’hilarité générale qui suivit consacrait son bon esprit.

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Saute

-Saute, saute…

-Je ne peux pas….

-Mais tu sautes !

-Non…

Marie et Alex jouent à l’élastique. Comme ils ne sont que deux et que le jeu requiert deux personnes piliers et une personne sauteuse, ils jouent avec un arbre. C’est Marie la plus rapide au jeu après qu’elle ait longtemps hésité à sauter bien que ses os soient lourds et ses formes enveloppées. Car Alex a trouvé un truc : il l’énerve.

Marie ne sauta jamais aussi haut que le jour où elle vit cet homme à la télévision : le coriace, quarante années de camps de concentration (nazis et bolcheviks). Le coriace était croate, méfiant, il refusait de parler toute autre langue que la sienne propre. Il racontait ses déboires aux caméras en esquivant les larmes. Quand on lui demandait pourquoi les bourreaux s’acharnaient ainsi sur les gens, il répondit : « Ils aimaient ça » .

A la fin de l’émission, il sortit une flamme en émail, la présenta aux caméras. Il ne faisait pas plus confiance à nos médias qu’au personnes qui l’avaient persécutées. Les gens riaient. Il avait tenu quarante ans. Selon lui, sa victoire n’avait rien à voir avec la force. Elle tenait au fait qu’il ne s’était jamais abaissé à manger des os et autres détritus :il était resté digne.

 « Jamais, avait-il dit, jamais ». Le mot à ne pas prononcer si tu tiens à être embauché dans n’importe quelle entreprise, lecteur : « jamais ».

Marie fut marquée par le coriace. Elle l’aimait, il lui faisait honte. Ainsi elle s’appliqua au jeu et sauta plus haut. Le coriace symbolisait l’insurmontable élasticité de l’être, l’incapacité de l’homme à se tuer tant qu’il n’a pas vaincu l’ennemi. Bizarrement le coriace symbolisait l’espoir.

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Histoire d'être con

Un soir deux cons sont invités à une soirée de la haute, où des gens distingués, très haut placés , des femmes raffinées et belles se distraient. Le premier dit à l’autre : " On va se taire, rien dire de la soirée comme ça ils n’y verront que du feu et on va toutes les baiser. "

-" Pas si con " dit le second au premier.

Et c’est ce qu’ils firent. Cela fonctionna très bien car comme disait ma grand-mère les gens intelligents sont bien bêtes : ils ont du mal à reconnaître les cons. Ils croient au mystère et y voient toujours la marque d’une intelligence supérieure. C’est leur faille.

La soirée se passa sans entraves. Le premier des deux cons partit avec Ramona l’océanographe d’une institution internationale et le second avec Babeth qui étaient dans les petits papiers du " Tout-Paris " car elle en avait épaulé plus d’un.

Ils les baisèrent ,ma foi pas trop mal et forts de leur ruse, les couilles déchargées ils redevinrent loquaces oubliant de jouer leur rôle.

Non seulement ils se firent plaquer illico mais ils en rirent et redevinrent aussi cons qu’avant.

S’ils en avaient pleuré….Mais un con ça fuit les émotions….C’est trop bête pour pleurer.

Et d’ailleurs ils n’ont pas tort ça fait bien trop mal de pleurer. Ça rajoute juste un peu d’eau salée à vos tempes.

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