Je faisais partie de ces gens que l’on côtoie tous les jours dans la rue, le tram, le train, l’avion et qu’on ignore pour se protéger, se préserver, des gens en souffrance que l’on pourrait
aider, des SDF, des gens en pleurs, des fous, des gens violents, bêtes, gros, qui si l’on discutait avec eux, s’intéressait à eux pourraient changer et aller mieux, ce magma de gens qu’on laisse
à leur souffrance et dont on prononce le verdict dans notre tête en passant. J’ai côtoyé beaucoup de personnes qui auraient pu m’aider de façon informelle dans ma vie de tous les jours, des
profs, des amis, qui auraient pu remarquer les signes que je leur adressais mais qui prononçaient leur verdict et me laissaient dans ma souffrance, ma course, jusqu’à ce que je pète carrément les
plombs et endommage mon cerveau, seul outil qui pouvait me servir puisque j’étais destinée à un travail intellectuel. Et moi-même je fais la même chose maintenant. J’ai essayé de répondre à
toutes les sollicitations, d’aider tout le monde ou du moins les gens qui demandaient mon aide. Mais cela n’allait pas, je n’avais pas assez d’énergie pour répondre à toutes les sollicitations et
j’étais souvent déçue par la réaction des gens en retour de mon aide. Ils ne l’appréciaient pas. Elle allait de soi. Ainsi je fais comme vous je me protège et c’est seulement quand je le décide
que j’accepte d’apporter mon aide à quelqu’un. Au moins je suis appréciée à ce que j’appellerais ma juste valeur. Je suis comme mes bourreaux d’hier.
Lundi, 24 Décembre 2007